Un stage zen : la jeune femme assise dans l'eau
Les 22 et 23 novembre derniers, pendant les vacances de la Toussaint, j'ai proposé à mes élèves un stage inspiré d'une estampe japonnaise : "La femme assisie dans l'eau" de Ichirô Narumi, artiste japonnais du début du XXème siècle.
A la différence de mes précédent stages qui ont en général pour but de se perfectionner au pinceau, celui-ci a permis d'explorer une nouvelle voie d'utilisation de la technique de putoisage.
Nous avons remplacé le procédé d'encrage couleur par couleur propre aux estampes par la pose de vernis de réserve en plusieurs étapes.
Le sujet imposait le choix d'un support plat, de forme rectangulaire, respectant à peu près les proportions type des estampes de cette époque. La plupart ont reproduit l'estampe sur un plat, une des participante l'a exécutée sur une plaque destinée à être accrochée au mur.
En préliminaire, nous avons putoisé la totalité du support en blanc ivoire.
Après une première cuisson, nous avons reporté les contours du motif puis passé du vernis de réserve sur les zones devant rester ivoire : corps de la femme, reflets dans l'eau et bords du plat.
Pour l'eau, chacune a choisi sa couleur, une teinte un peu "cassée" pour rester dans l'esprit de l'estampe : nous avons obtenu différentes déclinaisons allant du bleu au gris en passant par un vert d'eau par mélange de différents pigments. Sachant qu'à la cuisson, la couleur ivoire posée prédédemment va fusionner avec cette nouvelle couleur et la modifier, la couleur résultante sera une surprise à la sortie du four.
Hormis les zones masquées par le vernis de réserve, nous avons putoisé cette couleur sur toute la surface du support.
Ce fut magique de voir apparaître la jeune femme émergeant de l'eau en ôtant le vernis de réserve :
Après une deuxième cuisson, nous avons teint la chevelure en noir en délimitant sa surface par du vernis de réserve posé à l'extérieur de la forme cette fois-ci. Le pigment noir va être ensuite putoisé à l'intérieur de cette sorte de pochoir, sur la couleur de fond.
Et voici le résultat final après une troisième cuisson :
Reproduire cette estampe, magnifique par sa pureté et sa simplicité, n'a pas été d'une grande difficulté technique mais a requis précision, méticulosité et a necéssité une petite gymnastique mentale pour raisonner en négatif, puisqu'on procède par masquage.
Autrement plus difficile est la réalisation d'une véritable estampe par gravure sur bois (xylographique) polychrome telle que la pratiquent les japonnais depuis l'époque d'Edo (début 17ème).
Si cela vous intéresse, voici le lien vers un site qui explique les différentes étapes de la technique de l’estampe ukiyo-e transmise aujourd’hui par les artisans de la Fondation Adachi, The Adachi Institute of Woodcut Prints, relatées par Brigitte Koyama-Richard :